Chaque année, on se languit de découvrir les nouvelles œuvres qui vont apparaître à Boulogne-sur-Mer. Où vont-elles prendre place ? Vont-elles nous toucher ? Ce qui aurait pu n’être qu'une initiative locale limitée à quelques œuvres éphémères est devenu un phénomène culturel d'envergure internationale. Le festival Street-Art de Boulogne-sur-Mer, qui invite chaque année une dizaine de street-artistes d’ici et d’ailleurs à s’exprimer en ville, est né au Chemin Vert. En 2004, un grand programme de renouvellement urbain visait à revitaliser le quartier. Pour faciliter la transition, difficile pour les habitants, chaque immeuble démoli donnait lieu à une intervention artistique éphémère. Des artistes étaient invités à résider temporairement dans le quartier et à y travailler, créant des œuvres inspirées par l’histoire et la culture locale. « Ces initiatives ne visaient pas seulement à adoucir l’impact visuel des démolitions, mais aussi à créer des moments de réflexion collective », explique Amziane Abid, directeur artistique du festival. « Les œuvres réalisées ont contribué à maintenir vivante la mémoire du quartier, liant la population à son environnement et transformant la ville en un véritable terrain d'expression artistique ».
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Une vraie ligne éditoriale
À la fin du programme, la Ville décide de poursuivre l'aventure et lance en 2016 un festival de Street-Art. Très vite, l’événement se démarque par son ambition : « il ne s'agissait pas de décorer les rues, mais de les transformer en un espace de dialogue, d'inspiration et de questionnement. Derrière le festival Street-Art, il y a une vraie volonté de démocratisation culturelle », poursuit Amziane Abid. En parcourant Boulogne-sur-Mer, on peut ainsi voir des œuvres qui explorent différents mouvements artistiques, de l'impressionnisme à l'art contemporain, tout en portant un regard critique sur la société. Les artistes invités au festival partagent leur vision du monde. Certains évoquent les enjeux environnementaux, d’autres questionnent l'identité culturelle ou encore la place de l'individu dans une société en perpétuelle transformation.
Une envergure internationale
Au fil des ans, le festival boulonnais a pris une ampleur considérable. Gonzalo Borondo, Eduardo Kobra, James Bullough, Vesod, Fintan Magee, Helen Bur, Smug, Telmo Miel, ECB, Case Maclaim… De grands noms du Street-Art ont fait leur apparition sur les murs de Boulogne-sur-Mer. Cependant, Amziane Abid rappelle que l’objectif du festival n’est pas d’attirer uniquement des célébrités du milieu (le festival sélectionne d’ailleurs chaque année des talents locaux), mais plutôt de veiller à ce que chaque œuvre raconte une histoire qui vient compléter celles déjà présentes. L'emplacement des œuvres est ainsi soigneusement pensé pour favoriser un dialogue entre les créations. « C’est nous qui choisissons où les artistes vont s’exprimer », explique-t-il, insistant sur l’importance de la cohérence visuelle et narrative dans l’espace urbain. En 9 ans, le festival de Boulogne-sur-Mer est devenu une référence internationale pour les passionnés, attirant chaque année un public de plus en plus large. Il est aussi un véritable vecteur de fierté locale. De nombreux Boulonnais prennent plaisir à faire découvrir ces œuvres aux visiteurs. Un exemple inspirant de la manière dont l’art peut jouer un rôle clé dans la revitalisation urbaine.
Publié le 16 octobre 2024